Lomé Actu, 4 février 2025 – Ce qui aurait dû être le moment le plus glorieux de sa carrière est devenu un souvenir amer. Jenni Hermoso, attaquante espagnole de 34 ans, a affirmé devant la justice que le baiser imposé par Luis Rubiales, alors président de la Fédération espagnole de football, avait « terni l’un des jours les plus heureux de sa vie ».
Un baiser imposé, une accusation d’abus
Le 20 août 2023, après la victoire de l’Espagne en finale de la Coupe du Monde féminine face à l’Angleterre (1-0), le football féminin espagnol atteignait un sommet historique. Mais sur le podium de remise des médailles, un geste inattendu a fait basculer la célébration dans la polémique.
Luis Rubiales a saisi le visage d’Hermoso et l’a embrassée sur la bouche sans son consentement. Un acte qui, selon la joueuse, a constitué un abus de pouvoir dans un cadre professionnel.
« Il a mis ses mains sur mes oreilles et m’a embrassée. J’ai ressenti un profond malaise, c’était hors de propos. Mon supérieur hiérarchique m’embrassait sans que je puisse réagir. »
Interrogée par la procureure Marta Durantez, elle a affirmé qu’elle s’était sentie « abusée en tant que femme », soulignant que Rubiales ne lui avait jamais demandé son consentement avant de l’embrasser.
Pressions et manipulations : une tentative d’étouffer l’affaire
Le scandale ne s’est pas arrêté au baiser. Hermoso a raconté les pressions subies dès les premières heures pour minimiser l’incident.
« Dès que je suis montée dans le bus de l’équipe, une attachée de presse est venue me voir avec un communiqué que j’étais censée avoir écrit. »
Ce texte, qui la présentait comme une amie proche de Rubiales, suggérait que l’embrassade était le fruit « d’un moment d’euphorie ». Hermoso a refusé de valider cette version, précisant : « J’ai su immédiatement que je n’avais jamais écrit ça. »
Les tentatives pour la faire revenir sur ses déclarations se sont poursuivies durant le vol retour vers l’Espagne, notamment par Rubiales lui-même, qui aurait sollicité son aide pour calmer la polémique.
« Il m’a demandé de faire une vidéo avec lui, parce que ses filles pleuraient à l’arrière de l’avion. J’ai refusé. »
Un climat de peur et des menaces
Hermoso a également dénoncé les pressions exercées sur son entourage, notamment via son frère, approché par l’ancien sélectionneur Jorge Vilda.
« J’étais totalement isolée. Personne ne m’a demandé si j’avais besoin d’aide. La seule préoccupation de Rubiales et de ses proches était de protéger leur réputation. »
Après son retour en Espagne, l’attaquante a fait face à une intense médiatisation, recevant des menaces de mort et subissant une surveillance constante.
« J’ai dû quitter Madrid avec ma famille. J’avais peur dans la rue, ma vie a basculé. Être championne du monde aurait dû être un moment de joie, mais on m’a volé cette célébration. »
Un procès historique pour le football espagnol
Luis Rubiales, âgé de 47 ans, est poursuivi pour agression sexuelle et coercition. Le parquet requiert une peine d’un an de prison pour le premier chef d’accusation, et 18 mois supplémentaires pour les pressions exercées sur Hermoso.
Trois autres responsables sont également impliqués :
- Jorge Vilda, ex-sélectionneur de l’équipe féminine,
- Albert Luque, ancien directeur de l’équipe masculine,
- Ruben Rivera, ex-responsable marketing de la Fédération espagnole.
Tous risquent 18 mois de prison s’ils sont reconnus coupables de coercition.
L’affaire dépasse désormais le simple cadre du sport et symbolise un tournant dans la lutte contre les abus de pouvoir dans le football. Le verdict sera suivi avec une attention particulière en Espagne et au-delà.
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