Lomé Actu, 10 janvier 2025 – Un magistrat du pôle spécialisé dans les crimes contre l’humanité a été désigné en France pour enquêter sur les allégations de torture visant Sylvia et Noureddin Bongo, anciens membres de la famille présidentielle gabonaise. Cette décision fait suite à une plainte déposée par leurs avocats, dénonçant des « traitements dégradants » et réfutant les déclarations des autorités gabonaises qui avaient nié ces accusations.
Lors d’une conférence de presse ce jeudi 9 janvier, les avocats ont détaillé les conditions de détention de leurs clients, les qualifiant d’inhumaines.
Des accusations graves étayées par des observations directes
Selon Maître François Zimeray, qui défend les intérêts de Sylvia et Noureddin Bongo, le fils de l’ex-président Ali Bongo porte sur son corps des marques de torture. « J’ai reconnu des traces de chocs électriques sur son torse et son dos, similaires à celles que j’ai déjà vues dans d’autres contextes », a-t-il affirmé. L’ancienne Première dame aurait, quant à elle, été victime de « tortures psychologiques », notamment en étant témoin des violences infligées à son fils.
Sa consœur, Maître Catalina de la Sota, a corroboré ces affirmations, évoquant des conditions de détention « constitutives de torture » observées lors de leur visite en décembre dernier.
Réactions et polémique autour des conditions de détention
Ces révélations contrastent avec les propos du procureur gabonais Bruno Obiang Mve, qui avait déclaré que les Bongo n’avaient jamais été torturés dans leur prison de Libreville. Pour les avocats français, ces affirmations relèvent de la désinformation. « Ce que nous avons vu en prison était insupportable. Ces personnes sont profondément traumatisées », a insisté Maître Zimeray.
Le dossier a pris une nouvelle tournure judiciaire, le magistrat instructeur ayant la possibilité de convoquer des suspects ou d’émettre des mandats d’arrêt. Les avocats ont également signalé qu’ils disposaient d’informations sur l’identité des tortionnaires présumés et comptent aller jusqu’à obtenir leur condamnation.
Appel à une mobilisation internationale
Sylvia Bongo, 61 ans, et son fils Noureddin, 32 ans, restent détenus à la prison centrale de Libreville depuis leur arrestation en août 2023, à la suite du coup d’État ayant renversé Ali Bongo. Leurs défenseurs exhortent la France et la communauté internationale à adopter une position ferme face à ces violations présumées des droits humains .