(Lomé Actu) – À Antananarivo, la colère gronde encore. Depuis ce lundi matin, plusieurs milliers de jeunes se sont rassemblés autour de l’Université d’Ankatso, répondant à l’appel du collectif Gen Z Madagascar. Leur cible est claire : le président Andry Rajoelina, accusé d’avoir trahi les espoirs d’une génération qui se sent abandonnée.
Bloqués par un impressionnant dispositif policier, lourdement armé, les étudiants et jeunes diplômés n’ont pas pu rejoindre le centre-ville. Le face-à-face a rapidement tourné à la tension : détonations, nuages de gaz lacrymogène et slogans scandés en boucle – « Rajoelina démission ! »
Une jeunesse à bout de souffle
Les revendications dépassent de loin les seules coupures d’eau et d’électricité, devenues quasi quotidiennes dans la capitale. Pour Kasaina, 17 ans, impossible d’étudier correctement l’informatique sans courant ni connexion stable : « On a l’impression de mendier nos droits élémentaires », lâche-t-il, épuisé.
Michael, 25 ans, chômeur malgré son diplôme, résume le ressentiment général : « L’argent public ne profite qu’à une minorité. Pendant ce temps, nous, on survit. »
Corruption, répression et colère sociale
Au-delà des pénuries, c’est la corruption des élites et l’impunité qui cristallisent la colère. Dimanche déjà, le collectif Gen Z a exigé des excuses officielles du président et de son Premier ministre après la répression mortelle de manifestations précédentes.
En face, les forces de l’ordre restent fermes. Mais certains manifestants tentent encore d’humaniser ce bras de fer : « Vos enfants vivent les mêmes problèmes que nous », a lancé un étudiant aux policiers, les mains en l’air.
La crainte d’un nouvel épisode sanglant est dans toutes les têtes. Mais pour beaucoup de ces jeunes Tananariviens, l’heure n’est plus à la résignation : il s’agit de faire entendre une voix qu’ils estiment étouffée depuis trop longtemps.
