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Manifestation des 26, 27 , 28 Juin : L’opposition exige une session d’urgence à l’Assemblée nationale

Assemblée nationale : l’opposition exige une session d’urgence sur la crise actuelle

Lomé Actu, 30 Juin 2025- Au lendemain des manifestations citoyennes qui ont secoué Lomé et d’autres villes du Togo du 26 au 28 juin 2025, plusieurs députés de l’opposition ont fait entendre leur désaccord. Dans une lettre ouverte adressée au président de l’Assemblée nationale, les élus de l’ADDI et de la DMP annoncent leur refus de participer à la séance de clôture parlementaire prévue ce lundi 30 juin. Ils dénoncent le silence total de l’hémicycle face à la crise en cours.

Selon ces élus, la mobilisation populaire déclenchée par la jeunesse togolaise s’est heurtée à une répression brutale : descentes musclées, arrestations arbitraires, intimidations, violences, et même cinq corps retrouvés dans la lagune de Lomé, sans qu’aucune explication officielle ne soit donnée. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des miliciens civils armés agissant en toute impunité.

Pour les signataires de cette lettre, il est inconcevable de clore la session sans aborder une telle crise. Ils appellent à une réunion parlementaire exceptionnelle pour condamner les violences, demander des comptes au gouvernement, et défendre les droits des manifestants pacifiques.

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Ils rejettent également l’idée de tenir les élections municipales dans ce climat, mettant en cause la légitimité de l’actuelle CENI. Les députés insistent sur leur devoir moral de représenter les citoyens en détresse, et non de rester muets dans un « confort climatisé » pendant que la rue est gazée.

Ils concluent en réaffirmant leur volonté de participer à une session extraordinaire convoquée selon l’article 31 du règlement intérieur, qui prévoit une telle possibilité en cas de crise majeure.

LA LETTRE OUVERTE

Lettre ouverte des députés de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI) et de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) au Président de l’assemblée nationale

Monsieur le Président,

Ce vendredi 27 juin 2025, nous, députés de la DMP et de l’ADDI, avons reçu, comme sans doute

nos collègues de la majorité UNIR, une convocation du Secrétaire général de l’Assemblée nationale à la séance plénière de clôture de la première session ordinaire de l’année, le lundi 30 juin 2025 à 10 heures, au siège de l’Assemblée nationale.

Cette convocation intervient alors que notre pays vit depuis le 26 juin une mobilisation

citoyenne d’une ampleur inédite, suite à l’appel à manifester de la jeunesse togolaise désabusée par la gouvernance actuelle et profondément inquiète pour son avenir, en s’appuyant sur l’article 150 de la Constitution de la 4e République.

En effet, les 26, 27 et 28 juin, plusieurs quartiers de Lomé, mais aussi d’autres villes du pays, ont été le théâtre d’une mobilisation citoyenne spontanée, pacifique et profondément

républicaine. Cette indignation populaire a rassemblé des jeunes, des femmes, des

commerçants, des travailleurs, tous unis pour dire non au coup de force constitutionnel et

demander la fin du régime. Alors que certains ont manifesté leur indignation en sortant dans

les rues, d’autres encore plus nombreux ont choisi être absents de leur poste de travail.

Au lieu d’entendre cette clameur, le pouvoir en place y a répondu par la répression brutale et la

terreur.

Des unités des forces de maintien d’ordre, dépassées par l’ampleur de la mobilisation, ont été renforcées par des éléments de l’armée, qui, eux, ont frappé sans discernement, y compris des femmes, à coups de cordelettes et de bâtons. Des miliciens en civil armés ont été aperçus circulant librement, en toute impunité. Plusieurs vidéos authentifiées les montrent à l’œuvre, et certains d’entre eux ont été formellement identifiés comme auteurs de violences passées, notamment le 29 septembre 2024 au siège de la CDPA.

Des arrestations arbitraires, des intimidations, des poursuites jusque dans les maisons, des cas

de torture et de détention illégale ont été rapportés par les associations de droit de l’homme.

Et plus grave encore : cinq cadavres ont été retrouvés dans la lagune de Lomé, sans qu’aucune autorité ne daigne s’expliquer.

Face à cette situation gravissime, nous pensions, en tant que députés, que notre institution qui

devrait se sentir interpellée au plus haut point aurait le réflexe républicain de se réunir en urgence pour :

• condamner la répression violente contre les manifestants pacifiques ;

• exiger la libération immédiate des personnes arbitrairement arrêtées ;

• demander l’ouverture d’une enquête indépendante sur les morts suspectes ;

• interpeller le ministre de la sécurité pour qu’il s’explique sur les violences inouïes d’une

autre époque et le recours aux milices ;

• adresser une mise en garde solennelle aux forces de l’ordre contre tout acte manifestement

illégal ;

• réaffirmer le droit fondamental du peuple à manifester ;

• refuser la tenue d’élections municipales par une CENI manifestement illégale qu’il nous

revenait de recomposer et surtout dans ce climat de tension exacerbées par une violence

inouïe exercée par les forces de défense et les milices qui les ont assistées ;

• aider à trouver une solution durable à la crise profonde que traverse notre pays.

Mais rien de tout cela n’a été fait. L’Assemblée nationale censée être la voix du peuple, a choisi

la fuite en avant. Elle se prépare à clore sa session sans aborder l’urgence nationale que

constitue la crise que traverse notre pays, alors que notre Règlement intérieur dispose à l’article 31 que : « l’Assemblée nationale peut être convoquée en session extraordinaire en cas

de crise majeure ou de trouble à l’ordre public ».

L’histoire retiendra les noms de ceux qui auront gardé le silence. Elle n’oubliera pas celles et

ceux qui, aujourd’hui, ont choisi d’assumer leur responsabilité de représentant du peuple alors que ce dernier est en grande détresse.

Notre devoir de députés n’est pas de siéger dans un confort climatisé pendant que le peuple

est asphyxié au gaz lacrymogène. Notre devoir, c’est d’être du côté de ceux qui se lèvent, au

péril de leur sécurité, voire de leur vie pour revendiquer la démocratie, la justice et la dignité.

Voilà pourquoi nous, députés de la nation et signataires de cette lettre, refusons de participer à cette mascarade institutionnelle, à cette Assemblée réduite à une chambre d’enregistrement docile, muette face à l’arbitraire.

En tant qu’élus, notre silence devant l’oppression, fera de nous des complices de la répression de nos électeurs. Nous devons comprendre que ce n’est pas le peuple qui menace la République. C’est l’inaction complice de ceux qui, sous prétexte d’ordre, laissent les libertés s’éteindre une à une.

Par contre nous serions disponibles à participer à une session extraordinaire convoquée

conformément aux dispositions de l’article 31, sur la situation que connaît notre pays depuis le

6 juin 2025.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre considération distinguée.

Fait à Lomé, le 29 Juin 2025

Les signataires

Prof. GOGUE Tchabouré Mr WONYRA Kossivi

Député de l’ADDI Député de l’ADDI

Mme

ADJAMAGBO-JOHNSON Kafui.

Députée de la DMP

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