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«Nous ne savons pas où aller» : Les revendeuses d’Agoè-Assiyéyé interpellent le Président du Conseil Faure Gnassingbé

«Nous ne savons pas où aller» : les revendeuses d’Agoè-Assiyéyé lance(nt) un SOS au gouvernement

(Lomé Actu) – Ce week-end, un groupe de revendeuses du marché d’Agoè-Assiyéyé a organisé une sortie pour alerter les autorités et l’opinion publique sur leur situation précaire. Deux ans après l’incendie qui a ravagé leur marché, ces femmes — pour beaucoup veuves ou chef·fes de famille — disent être toujours sans solution durable et dénoncent des relogements insuffisants, des expulsions répétées et la perte de leurs clients.

« Nous sommes fatiguées, dépassées », confie la porte-parole des commerçantes. « Quand notre marché a brûlé il y a deux ans, on nous a dit que certains seraient logés à Togograin. Mais il n’y a pas de place pour tout le monde. Nous avons dû rester le long du mur et maintenant on nous chasse, on nous confisque nos marchandises. On nous propose d’aller à Legbassito, Atchanté… mais nos clients ne connaissent que Assiyéyé. Nous sommes des veuves, des femmes dont les maris ne travaillent pas. La rentrée est là : aidez-nous. »

L’urgence sociale derrière la colère

Les témoignages recueillis sur place confirment un double problème : d’une part, l’absence d’un hébergement permanent et adapté pour l’ensemble des commerçantes sinistrées ; d’autre part, la désaffection progressive de la clientèle. Beaucoup ont perdu leurs seuls moyens de subsistance et doivent désormais vendre à même le trottoir, dans des conditions précaires et régulièrement exposées à des confiscations ou des expulsions.

La situation revêt un caractère dramatique à l’approche de la rentrée scolaire : pour ces femmes, la rentrée signifie achats de fournitures, scolarité des enfants et reconstitution d’un stock, tout cela sans revenus réguliers ni accès à locaux commerciaux stables.

La voix des élues : « C’est assez, reconstruisez vite »

Du côté politique, la députée Kafui Adjamagbo-Johnson, après la sortie des commerçantes, affirme avoir déjà soulevé la question lors du débat budgétaire à l’Assemblée nationale.

« Qu’ont-ils fait ? Surtout en ce moment, à l’approche de la rentrée scolaire — c’est assez. Nous disons non à cette situation et exhortons le gouvernement à reconstruire le marché dans les plus brefs délais », a-t-elle déclaré, selon les organisatrices de la protestation.

Le passé récent : un incendie, des promesses et des mesures temporaires

Le marché d’Agoè-Assiyéyé a été détruit par un incendie durant la nuit du 21 décembre 2023, un sinistre qui avait provoqué une onde de choc chez les commerçants et leurs familles. Les images et récits de l’époque décrivaient des étalages partis en fumée, des interventions rendues difficiles par l’éloignement des services de secours et les vents de l’harmattan qui attisaient les flammes. Les causes exactes ont été évoquées par des médias comme liées à des défaillances et à l’absence de dispositifs anti-incendie adaptés.

Très vite, l’État avait annoncé une série de mesures pour accompagner les sinistrés. Le ministère de l’Administration territoriale a détaillé, le 14 janvier 2024, un dispositif incluant l’aménagement d’un site provisoire « Togograin » pour poursuivre l’activité commerciale, un moratoire d’un an sur le remboursement des crédits contractés avant le sinistre, la mise en place d’un crédit relais à taux zéro, et l’extension exceptionnelle de l’assurance FNFI pour les victimes. Le même communiqué indiquait que des instructions présidentielles étaient données en vue d’une reconstruction rapide du marché.

Pourquoi la colère perdure malgré les mesures ?

Plusieurs facteurs expliquent la persistance de la crise sociale :

  • Capacité insuffisante des sites provisoires. L’aire « Togograin » a accueilli un nombre de commerçant·es, mais pas l’ensemble des ancien·nes occupant·es du marché ; beaucoup sont resté·es en marge, sans place fixe.
  • Perte de clientèle. Les revendeuses expliquent que leurs clients habituels ne se déplacent pas vers les nouveaux points de vente ou ne les trouvent pas facilement, ce qui réduit de façon drastique le chiffre d’affaires.
  • Pressions et expulsions. Des pratiques locales de répression (déguerpissements, confiscations) sont dénoncées par les intéressées, qui estiment ne pas être protégées ni informées correctement.
  • Délais de reconstruction. Les promesses de reconstruction n’ont pas encore abouti à des chantiers visibles à grande échelle, laissant les victimes sans perspectives stables.

Que réclament les revendeuses ?

Au-delà d’un toit commercial, les commerçantes demandent :

  1. la reconstruction rapide et prioritaire du marché d’Agoè-Assiyéyé sur son site ou un site de remplacement proche ;
  2. l’occupation prioritaire et transparente des emplacements par les victimes du sinistre ;
  3. des mesures d’accompagnement économique (subventions temporaires, crédits à taux zéro réellement accessibles, appui à la relance des activités) ;
  4. une protection juridique contre les expulsions et mutilations de marchandises ;
  5. des moyens de sécurité (prévention incendie, accès aux services d’urgence) pour éviter un nouveau drame.

Où en est l’État ?

Les textes officiels listent des prises en charge et un calendrier d’actions ; en pratique, l’insuffisance de capacités et la lenteur administrative ont entretenu la frustration. Les autorités régionales et centrales sont aujourd’hui interpellées pour passer des mesures « ponctuelles » à des solutions durables : requalification du site, financement transparent des constructions, et surtout, inclusion effective des victimes dans les décisions.

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