Lomé Actu, 11 juillet 2025 – Le pouvoir togolais durcit le ton face aux contestations populaires. Lors d’une conférence de presse à Lomé, le gouvernement a annoncé avoir émis des mandats d’arrêt visant plusieurs figures de la société civile, notamment les membres du Mouvement du 6 juin (M66), qu’il accuse d’orchestrer les récentes manifestations contre le président Faure Gnassingbé.
Au cours de la rencontre médiatique tenue le mercredi 9 juillet, le ministre de la Sécurité, Calixte Madjoulba, a affirmé la détermination des autorités à traquer les instigateurs des mobilisations, même s’ils se trouvent à l’étranger.
« Cette fois-ci, les choses sont allées trop loin. Peu importe où ils se cachent, ils devront rendre des comptes », a-t-il déclaré.
Selon lui, la gestion du dossier par le gouvernement et les forces de l’ordre aurait permis d’éviter un chaos encore plus grave. Mais les faits sont là : quatre journées de manifestations ont été recensées en juin (les 6, 26, 27 et 28), malgré leur interdiction. La répression a fait au moins cinq morts d’après le bilan officiel – un chiffre qui grimpe à sept selon certaines ONG locales.
Le M66 pointé du doigt
Même si son nom n’a pas été explicitement prononcé, le gouvernement a clairement visé le M66, un collectif fondé par des Togolais de la diaspora. Ce groupe, composé notamment du chanteur Zaga Bambo basé en France, milite pour la démission du chef de l’État et tire son nom de la date de naissance de Faure Gnassingbé.
Le ministre de l’Enseignement technique, Isaac Tchiakpé, a quant à lui dénoncé l’influence des réseaux sociaux, qualifiés de « menaces pour l’État de droit », en reprenant une citation de Barack Obama sur les dérives numériques. Selon lui, les appels à manifester circulent principalement via ces plateformes non contrôlées, alimentant des tensions sur le territoire national.
Interrogé par RFI, Zaga Bambo s’est montré peu impressionné par cette procédure judiciaire :
« Je ne suis pas concerné par leurs mandats », a-t-il réagi. Le M66 ne semble pas vouloir reculer : il appelle à de nouvelles mobilisations les 16 et 17 juillet, en plein pendant les élections municipales prévues au Togo.
