(Lomé Actu) – Depuis plusieurs semaines, les noms de Marguerite Gnakadé et de Tchala Essowè alias Aamron s’entremêlent dans l’actualité politique togolaise. L’ancienne ministre des Armées et le rappeur engagé apparaissent désormais comme les deux visages d’une même contestation. Mais une question se pose avec insistance : qui est le véritable leader de ce tandem inattendu ?
Gnakadé, la stratège politique ?
Longtemps membre du premier cercle du pouvoir, Marguerite Gnakadé a basculé ces derniers mois dans une opposition frontale à Faure Gnassingbé. Ses tribunes publiées à partir du printemps 2025 ont posé les bases d’un discours critique argumenté contre la gouvernance en place.
Avec son expérience politique, sa connaissance des institutions et ses réseaux, Gnakadé apporte au mouvement contestataire une légitimité intellectuelle et une profondeur stratégique. Ses écrits ont rapidement circulé dans les cercles militants, devenant des références pour de nombreux acteurs. ce qui constituerait un danger pour le pouvoir en place .
Aamron, la voix des réseaux et de la rue ?
En parallèle, le rappeur Aamron s’est imposé comme un amplificateur populaire. Ses lives sur les réseaux sociaux, suivis par des milliers d’internautes, ont traduit les tribunes de Gnakadé en un langage accessible, direct et mobilisateur.
Arrêté une première fois en mai 2025, il a paradoxalement vu sa notoriété grandir. À sa libération, son engagement s’est renforcé, avec un discours désormais aligné sur les positions exprimées par Gnakadé.
Une complémentarité assumée ?
Leur « alliance » aurait peut-être été construite naturellement :
- Gnakadé fournit les arguments, la ligne politique et la vision ;
- Aamron donne le ton, la ferveur et l’énergie de la rue.
Cette complémentarité aurait transformé un mécontentement diffus en un mouvement plus structuré, symbolisé par les manifestations du 6 juin, date devenue repère dans la contestation.
Qui est le leader ?
Déterminer qui mène entre Gnakadé et Aamron serait sans doute réducteur. L’une est perçue comme la tête pensante ; l’autre comme le porte-voix du peuple. Si Gnakadé incarne la rupture politique au sein des élites, Aamron incarne la révolte sociale d’une jeunesse désabusée.
Leur force reposerait moins sur une hiérarchie que sur cette fusion des rôles. Pourtant, à mesure que la répression s’intensifie, la question du leadership pourrait se poser plus directement : Gnakadé, avec son expérience, pourrait tenter de canaliser le mouvement, tandis qu’Aamron, plus imprévisible, pourrait l’entraîner vers une radicalisation.