Lomé, 19 novembre 2024 – Pour la première fois, le Togo affiche un soutien clair à l’élaboration d’un traité international visant à combattre les crimes contre l’humanité. Cette position officielle, exprimée lors des débats de la Sixième Commission de l’ONU en octobre dernier, reflète l’engagement croissant du pays en faveur de la justice et des droits humains à l’échelle mondiale.
Lors d’une réunion à Banjul, en Gambie, le 17 octobre, en marge de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, le solliciteur général gambien, Hussein Thomasi, a rappelé l’urgence d’un tel traité. « L’absence de cet instrument juridique perpétue des lacunes graves dans le droit international, permettant l’impunité et laissant les populations vulnérables sans protection », a-t-il déclaré devant un public attentif.
Un élan africain pour combler un vide juridique
En rejoignant cette initiative, le Togo s’inscrit dans un mouvement plus large porté par plusieurs pays africains. À ce jour, 91 États, dont 18 pays africains comme le Botswana, le Ghana et l’Afrique du Sud, soutiennent formellement la résolution visant à ouvrir des négociations. Le Togo, bien qu’il ne soit pas encore co-parrain officiel, a manifesté son soutien aux côtés d’autres nations du continent, telles que la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Rwanda.
Les crimes contre l’humanité, qui incluent des actes aussi graves que la torture, l’apartheid, la disparition forcée ou encore les violences sexuelles, figurent parmi les pires violations des droits humains. Pourtant, en dépit de leur gravité, il n’existe à ce jour aucun traité international spécifique pour les prévenir ou les punir efficacement. Ce vide limite la coordination globale nécessaire pour lutter contre ces atrocités.
Une étape cruciale pour la justice internationale
Depuis 2019, des articles préliminaires proposés par la Commission du droit international constituent une base pour l’élaboration d’un tel traité. Toutefois, les négociations ont été ralenties, et une décision clé est attendue avant le 22 novembre 2024. Le soutien accru des États est indispensable pour contrer l’opposition minoritaire et obtenir un consensus sur l’ouverture des discussions formelles.
Les avantages d’un traité dédié
Un cadre juridique international sur les crimes contre l’humanité permettrait :
- Une entraide judiciaire renforcée entre États ;
- Une meilleure coordination pour poursuivre les responsables ;
- Une attention accrue aux crimes liés au genre et à d’autres actes souvent sous-estimés.
Simité Lavally, commissaire à la Commission des droits de l’homme de Sierra Leone, insiste sur l’urgence d’agir : « Sensibiliser nos gouvernements à l’importance de ces traités est essentiel pour garantir les droits humains au niveau national et international. »
Avec le soutien de plus de 650 organisations de la société civile, les efforts pour mobiliser les États africains se poursuivent. En co-parrainant la résolution, des pays comme le Togo pourraient jouer un rôle décisif dans l’avancée vers une justice internationale renforcée.