Lomé Actu, 5 décembre 2024 – La récente décision du Tchad de dénoncer les accords de défense avec la France ne surprend guère, selon Moussa Hissein Moussa, journaliste et chercheur panafricaniste. Ce dernier estime que la présence militaire française, censée garantir la sécurité, servait en réalité des objectifs politiques et stratégiques autres.
Un contexte propice à la rupture
Le Tchad évolue dans un environnement national plus stable et bénéficie du soutien de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces pays, ayant déjà mis fin à la présence militaire française sur leur territoire, inspirent une dynamique panafricaine portée par les jeunes, explique Moussa Hissein Moussa.
Sur le plan international, la montée en puissance de nouvelles alliances, notamment avec des pays comme la Russie, offre des alternatives au modèle de coopération proposé par la France.
Des critiques sur les véritables objectifs
Officiellement, la France était présente pour accompagner le Tchad dans la sécurisation de son territoire. Toutefois, Moussa Hissein Moussa considère que cette présence visait surtout à maintenir les régimes en place :
« Même si l’armée française prétendait protéger l’intégrité territoriale, son rôle était davantage politique. »
Le gouvernement tchadien actuel, plus confiant dans sa légitimité et dans les capacités de son armée, n’aurait plus besoin d’un tel soutien. Cette rupture est aussi un moyen de démontrer la maturité et l’indépendance de l’armée tchadienne, souvent reconnue comme l’une des plus aguerries de la région.
Une coopération militaire réinventée
Le Tchad, comme d’autres États africains, se tourne désormais vers des formes de collaboration militaire moins contraignantes, notamment avec la Russie. Moussa Hissein Moussa qualifie la coopération russe de « gagnant-gagnant », loin du « paternalisme » souvent reproché à la France.
L’Alliance des États du Sahel joue également un rôle clé dans la lutte contre le terrorisme, avec une mutualisation des forces qui a permis de réduire de 80 % les attaques dans la zone des trois frontières. Cette approche régionale souligne l’efficacité d’une solidarité locale face aux défis sécuritaires.