Lomé Actu, 04 février 2025 – Le Rwanda a vivement critiqué l’implication militaire de l’Afrique du Sud dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), accusant Pretoria de soutenir les opérations du président Félix Tshisekedi sous couvert de maintien de la paix, tout en poursuivant des intérêts économiques.
Cette déclaration intervient après l’annonce par la présidence sud-africaine, le lundi 3 février 2025, du décès de 14 soldats des Forces de défense nationale sud-africaines (SANDF) lors d’attaques récentes en RDC.
Des motivations contestées
L’Afrique du Sud justifie sa présence en RDC par son engagement pour la paix et la sécurité en Afrique, notamment à travers sa participation à la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC) et à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO).
Toutefois, la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a rejeté ces explications, affirmant que l’Afrique du Sud n’agit pas en tant que médiateur neutre mais comme un acteur engagé aux côtés de Tshisekedi.
“Les Sud-Africains méritent de connaître la vérité. Vous n’aidez pas le peuple congolais à obtenir la paix. Vous envoyez vos soldats pour mener la guerre de Tshisekedi contre son propre peuple”, a-t-elle déclaré sur X (anciennement Twitter).
Une guerre aux multiples acteurs
Le gouvernement congolais, avec l’appui de la SADC, du Burundi, de la MONUSCO et de diverses milices congolaises, combat la rébellion de l’AFC/M23. Ce groupe affirme lutter pour une meilleure gouvernance et la reconnaissance des droits des minorités, notamment ceux des Tutsis congolais, que Kinshasa aurait forcés à l’exil.
Makolo accuse également l’Afrique du Sud d’exploiter les ressources minières de la RDC sous couvert d’intervention militaire.
“Dites la vérité à votre peuple sur les intérêts personnels que vous avez dans les mines de la RDC. Ce sont ces intérêts pour lesquels, malheureusement, des soldats sud-africains perdent la vie”, a-t-elle ajouté.
Ces déclarations ravivent les soupçons persistants concernant l’implication de puissances étrangères dans l’exploitation des richesses minières de la RDC, notamment le cobalt, le cuivre et l’or. Des entreprises sud-africaines détiennent d’importants investissements dans ces secteurs, et le gouvernement Tshisekedi est souvent accusé de favoriser des entreprises étrangères proches de ses alliés politiques.
Pretoria défend son rôle
L’Afrique du Sud, de son côté, affirme que sa présence en RDC s’inscrit dans un engagement plus large pour la paix en Afrique. Pretoria rappelle son rôle historique dans le maintien de la stabilité en Burundi, au Soudan du Sud, au Mozambique et dans d’autres zones de conflit.
Le gouvernement de Cyril Ramaphosa insiste sur le fait que l’insécurité en RDC menace l’ensemble du continent africain, justifiant ainsi l’envoi de troupes.
Cependant, la position rwandaise met en avant une autre lecture du conflit. Au lieu de favoriser la paix, l’intervention sud-africaine prolongerait la crise en soutenant militairement Tshisekedi, selon Kigali.
Depuis plusieurs années, Tshisekedi accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, une accusation que Kigali rejette fermement. Le Rwanda affirme au contraire que le président congolais alimente le conflit en soutenant des groupes armés, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une organisation issue du génocide de 1994.
Dans ce climat de tensions croissantes, la rivalité entre Kinshasa et Kigali continue de se jouer sur les champs de bataille comme dans les arènes diplomatiques.