La Douma d’État russe a validé, le 7 octobre 2025, la ratification d’un accord de coopération militaire entre la Fédération de Russie et la République togolaise. Ce texte, désormais doté d’une valeur juridique pleine et entière, ouvre un cadre formel de collaboration entre Moscou et Lomé dans les domaines de la défense, de la formation et du partage d’informations stratégiques.
Selon la chambre basse du Parlement russe, l’accord détaille les mécanismes de financement, les conditions d’intervention des forces engagées et les dispositions liées à la confidentialité des informations échangées. Il inclut aussi l’organisation d’exercices conjoints, la formation du personnel militaire togolais dans les académies russes, ainsi que la mise à disposition d’une assistance médicale gratuite en cas d’opérations conjointes ou de situations d’urgence.
Pour le Togo, cet accord s’inscrit dans une politique de diversification de ses partenariats militaires. Confronté à une montée des attaques armées dans le nord du pays — notamment dans la région des Savanes, frontalière du Burkina Faso — Lomé cherche à renforcer ses capacités opérationnelles face à la menace jihadiste qui s’étend depuis le Sahel. D’après le Centre africain d’études stratégiques (ACSS), plus de 7 800 incidents violents liés à des groupes extrémistes ont été recensés dans la région ouest-africaine entre 2022 et 2024, une hausse de près de 40 % en trois ans.
Côté russe, cette coopération s’inscrit dans la stratégie plus large de Moscou visant à consolider sa présence en Afrique, à la fois diplomatique, économique et sécuritaire. Après des accords similaires signés avec le Cameroun (2022), São Tomé-et-Príncipe (2023) et la République centrafricaine (2018), la Russie confirme son intérêt pour les États côtiers du golfe de Guinée, considérés comme stratégiques pour la sécurité maritime et les approvisionnements énergétiques.
Pour Lomé, ce partenariat est aussi une manière de renforcer son autonomie stratégique, dans un contexte où les équilibres sécuritaires régionaux se redessinent, notamment depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Le Togo cherche ainsi à éviter un isolement stratégique tout en diversifiant ses alliances au-delà du cadre traditionnel franco-africain.
