Lomé Actu, 14 mai 2025 – Le président du Conseil togolais Faure Essozimna Gnassingbé a inauguré lundi à Lomé la toute première Conférence de l’Union Africaine consacrée à la dette publique. À cette occasion, en présence de dirigeants africains, il a plaidé pour un profond changement de perception et de gestion de la dette en Afrique.
Repenser la dette pour garantir l’avenir
Dans son discours, le chef de l’État a souligné que les enjeux autour de la dette ne sont pas uniquement financiers, mais profondément politiques. Il s’est interrogé sur la manière dont les États africains peuvent financer leur développement, préserver leur souveraineté et se projeter dans un monde en mutation, tout en étant encadrés par des règles souvent conçues sans eux.
Un système inadapté aux réalités africaines
Selon Faure Gnassingbé, l’endettement croissant des pays africains n’est pas le fruit d’une mauvaise gestion, mais la conséquence d’un système mondial inéquitable. Malgré des efforts en matière de gouvernance, de transparence et de réformes budgétaires, le continent reste confronté à des évaluations biaisées et des méthodologies dépassées. Le président appelle ainsi à passer d’une logique de sanction à une logique de confiance et de partenariat sincère.
Une doctrine africaine pour une dette utile
Faure Gnassingbé propose l’élaboration d’une nouvelle doctrine africaine de la dette, fondée sur l’utilité stratégique de l’endettement plutôt que sur des critères techniques rigides. Pour lui, l’endettement devrait être un levier de transformation, permettant d’investir dans la santé, l’éducation, les infrastructures ou la résilience climatique, plutôt qu’une charge paralysante imposée de l’extérieur.
La sécurité, un pilier oublié dans les critères d’évaluation
Autre point majeur de son discours : l’importance de prendre en compte les dépenses sécuritaires comme des investissements essentiels. Pour le président togolais, la stabilité d’un pays est une condition préalable à tout développement, et les dépenses militaires ou de sécurité ne devraient plus être considérées comme secondaires ou improductives.
Un plaidoyer pour la solidarité internationale
Faure Gnassingbé a également lancé un message fort à l’intention des partenaires internationaux : soutenir financièrement l’Afrique, ce n’est pas faire preuve de charité, mais agir dans un esprit de responsabilité partagée. Il a dénoncé le retrait progressif de certains partenaires financiers et alerté sur les conséquences que cela pourrait avoir à l’échelle mondiale.
Une vision africaine collective
Enfin, le président a insisté sur la nécessité pour les États africains de s’unir autour d’une vision commune de la gestion de la dette. Il a proposé de renforcer les institutions régionales, d’adapter les règles budgétaires aux réalités africaines, et de parler d’une seule voix sur la scène internationale. L’objectif est clair : donner à l’Afrique les moyens de sa souveraineté économique et budgétaire.
Faure Gnassingbé espère que cette conférence marque un tournant décisif. Il appelle à faire de Lomé le point de départ d’une dynamique continentale en faveur d’une gouvernance budgétaire adaptée, juste et tournée vers l’avenir.