(Lomé Actu) – Après les magistrats, c’est au tour des députés de se pencher sur les droits en santé sexuelle et reproductive. Depuis mercredi 27 août , Kpalimé accueille un atelier de trois jours réunissant les élus du peuple autour de ces enjeux cruciaux pour le développement humain au Togo.
Les parlementaires togolais, en plus de leur mission de contrôle de l’action gouvernementale, s’intéressent aux enjeux liés à la santé et au bien-être des populations. C’est dans ce cadre qu’a débuté, ce mercredi à Kpalimé (région des Plateaux), un atelier consacré aux droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR).
Cette rencontre est organisée par la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME) avec l’appui technique et financier de Ipas Afrique Francophone.
Sur trois jours, les travaux visent à renforcer la compréhension des députés autour des DSSR et à consolider leur engagement pour la mise en place d’un cadre législatif favorisant l’accès équitable aux services de santé sexuelle et reproductive au Togo.
Des allocutions marquantes
Dans son mot de bienvenue, Noélie Koevi-Koudam, directrice exécutive de l’ATBEF, a insisté sur l’importance de la présence des parlementaires :

« La présence des honorables députés est bien plus qu’un symbole. Elle représente une opportunité historique, car vous êtes les artisans du cadre législatif, les garants de la justice sociale et les porte-voix de celles et ceux qui n’en ont pas. »
Elle a ajouté :
« Votre rôle est déterminant pour rendre effectifs les engagements du Togo et faire de notre pays un modèle dans la promotion des droits des femmes et des filles. »
De son côté, Abram Amétépé Agossou, directeur de la DSME, a salué les progrès réalisés par le pays grâce à plusieurs initiatives, telles que le lancement de la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité maternelle, la subvention de la césarienne, ou encore le programme WEZOU d’accompagnement des femmes enceintes et de prise en charge des nouveau-nés.

Il a détaillé des résultats tangibles :
- La mortalité néonatale est passée de 40 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1998 à 21 en 2023.
- La mortalité infantile est passée de 77 décès pour 1 000 en 1998 à 35 en 2023.
- La mortalité infanto-juvénile a reculé de 71,3 décès pour 1 000 en 2017 à 58 en 2022.
- La mortalité maternelle a baissé de 478 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1998 à 362 en 2023.
Cependant, a-t-il reconnu :
« Malgré ces avancées, le Togo n’atteindra pas les objectifs de développement durable d’ici 2030, car de nombreux défis demeurent, notamment sur le plan logistique, infrastructurel, des ressources humaines et du cadre réglementaire et législatif. »
Il a également attiré l’attention sur les causes des décès maternels, en soulignant :
« Les hémorragies liées aux accouchements ou aux avortements, qu’ils soient spontanés ou provoqués, figurent parmi les premières causes. »
Entre avril 2021 et mars 2024, 8 % des patientes reçues en consultation post-natale au Centre hospitalier régional de Tsévié l’ont été pour des cas d’avortements provoqués clandestinement. Pour la seule année 2024, 10 880 avortements ont été recensés, dont 86 % déclarés spontanés par les patientes.
Il a ajouté :
« En l’absence de textes d’application clairs encadrant l’accès à l’avortement, la loi est interprétée de manières diverses. Cette situation favorise le maintien des avortements clandestins et leurs conséquences dramatiques. »
Le rôle du Parlement
Au nom du président de l’Assemblée nationale, Kissao Tchourou, directeur de cabinet, a rappelé la mission essentielle des députés :
« Le rôle du parlement, au-delà du vote des lois, consiste aussi à anticiper les besoins des concitoyens, à garantir l’effectivité de leurs droits et à créer les conditions d’un développement humain durable. »
Et d’ajouter :
« En matière de DSSR, il s’agit de promouvoir un environnement juridique qui protège, qui informe, qui accompagne et qui ne stigmatise pas. »
L’engagement des partenaires
Pour sa part, Ezoun Kossivi Mawuli, représentant la direction régionale d’Ipas Afrique Francophone, a réaffirmé :

« Notre institution reste engagée à fournir un appui multiforme apporter tout son soutien aux initiatives entreprises par nos Etats pour améliorer leur système de santé et la Santé de Reproduction spécifiquement au profit de nos populations. »
La première journée a été marquée par plusieurs présentations sur l’état des lieux des DSSR, en particulier la question de la mortalité maternelle et des avortements clandestins. Les participants ont également pris part à des exercices pratiques, suivis d’une présentation des nouvelles directives de l’OMS en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment sur l’avortement. Un autre exposé a porté sur le cadre législatif national dans ce domaine.


À travers cette rencontre, l’Assemblée nationale réaffirme sa volonté de consolider les acquis législatifs en santé sexuelle et reproductive et de contribuer à la construction d’une société plus juste, inclusive et orientée vers le bien-être de tous.