Lomé Actu, 17 avril 2025 – Désigné le 11 avril dernier , médiateur de l’Union africaine dans la crise qui ravage l’est de la République démocratique du Congo, le président togolais Faure Gnassingbé hérite d’un dossier complexe.
Le chef de l’Etat togolais n’a pas perdu de temps . Il a effectué sa première visite sur le terrain à Kinshasa, mercredi 16 avril. Dans la capitale congolaise, Faure Gnassingbé a notamment rencontré son homologue, Félix Tshisekedi.après avoir rencontré dans la matinée son hmologue angolais, João Lourenço, qui assurait cette médiation complexe . .
Mais à y regarder de plus près, sa position et son profil pourraient bien faire de lui un atout décisif dans ce dossier miné.
Un profil qui tranche avec les précédents médiateurs
La désignation de Faure Gnassingbé ne doit rien au hasard. Après João Lourenço, président de l’Angola et figure régionale de la SADC, l’Union africaine a fait le choix d’un chef d’État extérieur aux dynamiques régionales – ni membre de la SADC, ni de l’EAC, ni de la CEEAC. Ce positionnement hors des alliances sous-régionales est stratégique : il permet à Faure Gnassingbé d’intervenir sans a priori, sans passif, et avec une réelle neutralité politique.
Dans un conflit où les accusations mutuelles, les soupçons de partialité et les jeux d’alliances régionales empêchent souvent toute médiation constructive, cette neutralité est un avantage considérable.
Faure Gnassingbé, un président africain qui parle à tout le monde
Le chef de l’État togolais cultive depuis plusieurs années un rôle de discret facilitateur sur la scène africaine. Contrairement à d’autres dirigeants qui adoptent des postures spectaculaires, Faure Gnassingbé privilégie la diplomatie de l’écoute et de la constance. Il entretient des relations équilibrées aussi bien avec Félix Tshisekedi, président de la RDC, qu’avec Paul Kagame, président du Rwanda — deux figures centrales de la crise actuelle.
Ce double canal de confiance est rare. Il place Faure Gnassingbé dans une position où il peut obtenir des concessions des deux camps sans être perçu comme un acteur biaisé.
Une complémentarité avec la médiation du Qatar
Certains observateurs pourraient craindre une rivalité entre la médiation togolaise, portée par l’UA, et celle du Qatar, qui joue en ce moment un rôle actif dans le dialogue entre les rebelles du M23 et le gouvernement congolais. Mais la réalité diplomatique est plus nuancée. Doha peut jouer le rôle de briseur d’impasse : ouvrir des portes, initier le contact. Faure Gnassingbé, lui, peut garantir la suite du processus dans un cadre institutionnel africain, avec l’appui de partenaires internationaux comme l’ONU, l’UE, les États-Unis, ou encore la Monusco.
Autrement dit, le Togo pourrait incarner la légitimité africaine, pendant que le Qatar agit en facilitateur global. Une combinaison inédite, mais potentiellement efficace.
Un contexte africain favorable à une médiation sobre et efficace
Dans un continent où les figures politiques clivantes se multiplient, la posture mesurée et pragmatique de Faure Gnassingbé séduit de plus en plus ses pairs. Il s’inscrit dans une génération de leaders africains qui misent sur la stabilité, la diplomatie de l’ombre et la gestion des équilibres — une approche qui tranche avec le tapage des tribunes mais qui, en coulisses, ouvre les portes les plus verrouillées.
Face à une crise aussi complexe que celle de l’est congolais, ce profil pourrait bien faire la différence. Les années à venir vont plus nous situer .