Renommé Premier ministre par Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu doit désormais affronter un défi politique majeur : éviter la censure à l’Assemblée nationale, sous peine de dissolution.
Un retour express au sommet du pouvoir
Quatre jours seulement après avoir présenté sa démission, Sébastien Lecornu est de retour à Matignon. Le président Emmanuel Macron l’a renommé Premier ministre ce vendredi 10 octobre à 21h59, confirmant ainsi la place centrale qu’occupe le ministre dans son dispositif politique.
Décrit comme un « moine-soldat » par ses proches, Lecornu a accepté cette reconduction « par devoir », selon un message publié sur X, assurant vouloir « rouvrir tous les dossiers » abordés lors des consultations de ces derniers jours.
Dans un contexte de crise institutionnelle et de majorité introuvable, le chef du gouvernement s’est engagé à diriger une équipe « renouvelée, diverse et compétente », coupée de « toute ambition présidentielle pour 2027 ».
Une mission quasi impossible à l’Assemblée
La priorité du nouveau Premier ministre est claire : éviter la censure. Une tâche qui s’annonce ardue dans un Palais-Bourbon fragmenté, où aucune majorité stable ne se dégage.
Les divisions internes minent également le camp présidentiel, tandis que les oppositions, de gauche comme de droite, rejettent toute idée d’union nationale.
Bruno Retailleau, ex-ministre de l’Intérieur et patron des Républicains, est d’ores et déjà écarté du futur gouvernement, signe que la recomposition politique voulue par Emmanuel Macron reste inachevée.
Un climat politique sous tension
Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait réuni à l’Élysée une quinzaine de représentants des partis de l’« arc républicain », à l’exception du Rassemblement national et de La France insoumise. L’objectif : éviter une dissolution.
Mais la rencontre de deux heures et demie n’a pas permis d’apaiser les tensions.
« Il ne nous a rien dit », a pesté Boris Vallaud (PS). « Pas d’éclaircie », a déploré Fabien Roussel (PCF). Entre inquiétude, colère et résignation, les oppositions sont ressorties de l’Élysée sans signe d’ouverture. Même au sein du camp présidentiel, les divergences s’exposent au grand jour.
Un troisième acte incertain pour le quinquennat
Après Michel Barnier, François Bayrou et un premier passage express de Lecornu lui-même, la nomination du ministre des Armées à Matignon apparaît comme un choix de continuité plus que de renouveau.
Mais dans un paysage politique fracturé, rien ne garantit la stabilité.
La mission de Sébastien Lecornu est claire : tenir, rassembler et éviter le vote de censure qui précipiterait une dissolution. Une équation périlleuse pour celui qui se décrit comme un serviteur de la République, mais dont le retour risque de prolonger davantage la crise politique.
