Lomé Actu, 06 Août 2025- Le 5 août , le Togo a reçu un nouveau don du Japon — 200 millions de yens (environ 800 millions FCFA) — dans le cadre du programme Kennedy Round, destiné à financer l’achat de riz vendu à prix subventionné aux populations vulnérables. Bien que présenté comme une preuve de coopération, ce geste n’a pas manqué de faire grincer des dents au sein de la société togolaise.
Des bonnes intentions, mais un effet limité
Le don, signé par le ministre de l’Agriculture, Antoine Lekpa Gbegbeni, et l’ambassadeur du Japon, Junji Gomakubo, symbolise une coopération ancienne. Pourtant, nombreux sont les Togolais à souligner que ce type d’aide, bien que utile ponctuellement, ne traite pas les causes profondes de l’insécurité alimentaire.
Depuis plusieurs années, le Togo reçoit régulièrement des dons de riz par ce biais : près de 3 900 tonnes déjà distribuées entre 2023 et 2024. Ce soutien semble désormais récurrent mais peu transformateur.
Pourquoi le geste dérange
1. La dépendance alimentaire persiste :
Chaque livraison est perçue comme un correctif temporaire face à la faiblesse de la production nationale. Alors qu’un pays à forte vocation agricole, le Togo peine à assurer sa souveraineté alimentaire.
2. Le manque de réforme structurelle :
Malgré les promesses de modernisation de l’agriculture, les filières restent désorganisées, sans réel accroissement des rendements. Pour beaucoup, l’aide française ou japonaise semble un pansement social plutôt qu’un levier de développement durable.
3. Un geste symbolique, peu significatif :
Ces lots de riz représentent une somme minime face aux enjeux globaux du pays — moins de 0,05 % du budget national. Pour certains analystes, le symbole s’efface face à l’absence d’impact réel sur une politique alimentaire autonome.
Les Togolais demandent plus
Plusieurs internautes et figures de la société civile multiplient les critiques sur les réseaux : combien de temps le pays restera-t-il dépendant de dons alimentaires ? Pourquoi recevoir du riz alors que le Togo dispose de terres fertiles ? Où sont les plans d’investissement durable en agriculture ?
Le gouvernement participe à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9) du 20 au 23 août 2025, avec un pavillon économique à Osaka. Cette présence est une occasion idéale pour clarifier sa vision : souhaite-t-il rester dans le cycle de l’aide ponctuelle ou initier une véritable politique de souveraineté alimentaire ?