Lomé Actu, 24 avril 2025 – Depuis l’annonce du décès du pape François, survenu le 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans, le monde catholique est en deuil. Mais à Rome, les regards se tournent déjà vers l’avenir : qui lui succédera ? Alors que le conclave s’annonce, une question ressurgit avec force : l’Église est-elle prête à élire un pape noir ?
Deux mille ans d’histoire, 266 papes, mais aucun Noir. Dans une Église qui prône l’universalité, l’absence de pontife africain interroge. Alors que l’Afrique est devenue l’un des moteurs du catholicisme mondial, pourquoi n’a-t-elle jamais produit de pape moderne noir ?
Des papes africains… mais au temps de Rome antique
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Afrique a déjà donné des papes à l’Église. Mais il faut remonter à l’Antiquité : Victor Ier (189-199), Miltiade (311-314) et Gélase Ier (492-496), tous issus de l’Afrique du Nord romaine. Aucun d’eux n’était noir au sens contemporain du terme.
L’Afrique, pilier du catholicisme moderne
En 1900, l’Afrique comptait 2 millions de catholiques. Aujourd’hui, ils sont plus de 265 millions, selon les statistiques du Vatican (2023). C’est en Afrique que l’on trouve les églises les plus pleines, les vocations les plus nombreuses, et une foi vivante qui contraste avec la sécularisation européenne.
Pourtant, l’Afrique pèse peu à Rome
Sur les 137 cardinaux électeurs, 16 seulement sont africains – à peine 12 %. En revanche, plus de 50 sont européens, alors même que le vieux continent voit fondre son nombre de fidèles. Le conclave reste donc dominé par une élite européenne, bien souvent méfiante à l’idée d’un pape issu du Sud.
Des candidats africains écartés discrètement
Le cardinal Francis Arinze (Nigeria) a longtemps été vu comme un prétendant sérieux. En 2005, après la mort de Jean-Paul II, il faisait partie des favoris. Mais son profil conservateur et sa nationalité africaine auraient joué contre lui. Même sort pour le Ghanéen Peter Turkson, mis en avant en 2013 lors de l’élection du pape François. Tous deux n’ont jamais franchi le dernier palier.
Une question de couleur… mais aussi de pouvoir
Certains experts n’hésitent plus à évoquer le racisme latent au sein de certaines sphères ecclésiastiques. En privé, des cardinaux d’Europe ou d’Amérique du Sud exprimeraient leurs doutes sur la « capacité » des Africains à diriger l’Église universelle. Un ancien prélat confiait récemment à un journal italien : « Le monde n’est pas prêt pour un pape noir. Même chez les fidèles, cela choquerait plus qu’on ne croit. »
L’Église prête pour un tournant ?
Le pape François, premier non-européen depuis plus de 1 200 ans, a brisé un tabou en ouvrant la voie aux cardinaux du Sud. Il a multiplié les nominations issues d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. Mais pour que l’Église catholique élise un pape noir, il faudra plus qu’une simple volonté de diversité. Il faudra affronter un tabou séculaire, et convaincre une institution enracinée dans l’histoire européenne.