(Lomé Actu) – Derrière l’apparente mobilisation citoyenne, s’agit-il d’une initiative légitime ou d’un dispositif parallèle de sécurité qui échappe au contrôle de l’État ? C’est la question que soulèvent six acteurs de la société civile dans une lettre ouverte adressée, le 1er septembre 2025, aux ministres togolais de la Sécurité, de la Justice et de l’Administration territoriale.
Le mouvement « Les Sentinelles du Peuple », présenté comme une réponse citoyenne face à l’insécurité et à la menace terroriste, suscite autant d’adhésion que de méfiance. Pour ses partisans, il représente une façon d’impliquer les communautés locales dans la prévention des violences. Mais pour ses détracteurs, il existe un risque réel de voir se développer une milice non encadrée, avec toutes les dérives possibles.
Une demande de clarification
Les signataires de la lettre s’interrogent : existe-t-il un fondement juridique qui autorise la création de tels groupes d’autodéfense ? Le mouvement dispose-t-il d’un statut officiel, d’une reconnaissance légale ? Ses actions sont-elles supervisées par les forces de défense et de sécurité ou bien évolue-t-il en marge de l’appareil d’État ?
Au-delà des interrogations techniques, c’est la question de la cohésion nationale qui est posée. La société civile redoute qu’en multipliant ce type d’initiatives parallèles, on fragilise davantage la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Un signal aussi tourné vers l’international
La lettre n’a pas seulement été adressée aux autorités togolaises : elle a aussi été envoyée en copie à plusieurs partenaires internationaux, dont l’ONU, l’Union européenne et la CEDEAO. Un geste qui traduit la volonté d’attirer l’attention sur un sujet sensible, au moment où la région ouest-africaine est secouée par des crises sécuritaires et politiques.
Entre nécessité et vigilance
Faut-il rejeter d’emblée ce type de mobilisation citoyenne ? Pas forcément. Dans certaines zones du nord du Togo, confrontées à des incursions terroristes, la coopération entre communautés locales et forces de sécurité a permis d’éviter des drames. Mais cette coopération doit être clairement encadrée. Sans règles précises, un outil de protection peut vite se transformer en instrument de division ou d’abus.
Le gouvernement est donc face à un dilemme : reconnaître et superviser ce mouvement pour lui donner un cadre légal, ou bien le dissoudre s’il représente une menace pour la stabilité sociale. Dans un contexte où la sécurité reste un enjeu vital, l’équilibre entre participation citoyenne et prérogatives régaliennes de l’État apparaît plus que jamais nécessaire.

