(Lomé Actu) – La polémique enfle autour du Togo après le déplacement à Abuja (Nigeria) du deuxième séminaire parlementaire et de la 2ᵉ session extraordinaire 2025 du Parlement de la CEDEAO, initialement annoncés à Lomé. L’élu sénégalais Guy Marius Sagna a profité de ce changement pour lancer, sur Facebook, une charge très directe : « Pourquoi le peuple togolais est bastonné, emprisonné arbitrairement, tué et jeté dans la lagune de Bè ? » Une interpellation qui résonne avec les crises et manifestations ayant secoué le pays ces dernières semaines.
De Lomé à Abuja : un déplacement lourd de symboles
Début septembre, le Parlement de la CEDEAO a ouvert à Abuja sa 2ᵉ session extraordinaire 2025. Plusieurs médias togolais avaient pourtant annoncé que la rencontre se tiendrait à Lomé, avant d’être relocalisée au Nigeria. L’institution régionale n’a pas expliqué officiellement les raisons de ce changement, mais le choix est jugé significatif dans un contexte politique tendu.
La riposte citoyenne et le contexte M66
Au même moment, la plateforme citoyenne M66, devenue moteur des mobilisations populaires, avait appelé à manifester à Lomé et en diaspora. La date de ce rassemblement fixée sur le 20 septembre coïncidait justement avec la session de la CEDEAO, créant une concordance de calendrier qui alimente l’idée que la relocalisation de la rencontre n’est pas étrangère à la situation sécuritaire au Togo.
« Pourquoi la CEDEAO se tait ? » : le message de Sagna
Dans sa publication, Guy Marius Sagna questionne frontalement le silence de l’organisation sous-régionale face aux violences alléguées.
« Je continue à rester disponible et au service de tous les peuples de la CEDEAO et donc du brave peuple résistant du Togo », a-t-il écrit.

Son message fait écho aux récents événements qui ont marqué la capitale : manifestations dispersées, affrontements violents et accusations de répression. Selon des sources proches de l’opposition et des ONG, les heurts ont fait au moins 11 morts et plusieurs blessés, tandis que des corps ont été retrouvés dans la lagune de Bè. Les autorités, elles, parlent d’opérations de maintien de l’ordre et promettent des enquêtes.
Le précédent Sagna à Lomé
Ce n’est pas la première fois que le député sénégalais est mêlé à l’actualité togolaise. Le 30 septembre 2024, lors d’une réunion publique organisée par l’opposition à Lomé, des violences avaient éclaté. Guy Marius Sagna avait été blessé à la tête et au bras, ce qui avait provoqué la réaction officielle du ministère sénégalais des Affaires étrangères, qui avait condamné l’agression.
Entre relocalisation des réunions de la CEDEAO, mobilisations citoyennes qui perdurent et plaies encore ouvertes après les heurts de l’été, l’intervention de Sagna relance le débat sur le rôle de l’organisation régionale face aux impasses politiques nationales.
La question reste entière : la CEDEAO peut-elle rester silencieuse face aux tensions internes au Togo, ou devra-t-elle s’impliquer davantage pour favoriser le dialogue et garantir le respect des droits humains ?