Lomé Actu, 10 Juin 2025 – Alors que plusieurs pays africains touchés par les nouvelles restrictions de visas américaines ont rapidement haussé le ton ou demandé des explications, le Togo, lui, a choisi l’autocritique. Et c’est le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, qui a porté la voix officielle sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Plutôt que de contester la décision de Washington, Dussey a reconnu une part de responsabilité nationale, affirmant que certains citoyens togolais avaient abusé de leur visa en dépassant les durées de séjour autorisées. « Chaque pays a droit au respect de ses frontières et de ses lois », a-t-il déclaré, allant jusqu’à juger la mesure de l’administration américaine comme « légitime ». Une prise de position qui, pour certains, sonne comme un mea culpa diplomatique, inattendu en période de tensions migratoires.
Tchad, RDC, Guinée : des réactions plus fermes
Ailleurs sur le continent, la tonalité a été tout autre. Le Tchad, également concerné par les restrictions, a convoqué l’ambassadeur américain pour demander des clarifications. En République Démocratique du Congo, les autorités ont dénoncé une mesure discriminatoire et exigé une réévaluation des critères. La Guinée, de son côté, a exprimé sa « surprise » et a promis de réexaminer ses accords de coopération en matière migratoire.
Une réponse à contre-courant
Dans ce contexte, la réaction togolaise fait figure d’exception, presque isolée dans son ton conciliant. Certes, le Togo cherche depuis plusieurs années à renforcer son attractivité diplomatique et économique. Mais en ne contestant pas la mesure américaine, voire en renforçant la légitimité du partenaire, Lomé semble vouloir éviter tout incident diplomatique avec l’un de ses alliés stratégiques. Un positionnement qui peut aussi refléter une volonté de préserver une image de « bon élève » dans le concert des nations.
Pourtant, cette posture divise l’opinion publique togolaise. Certains saluent une réponse réaliste, d’autres y voient une absence de fermeté face à une décision qui pénalise indistinctement des milliers de jeunes, étudiants ou travailleurs, pourtant en situation régulière.
Malgré tout, Robert Dussey appelle à « surmonter ce défi ». Un message de résilience ? Peut-être. Mais dans un contexte où d’autres pays africains choisissent de faire entendre leur désaccord, le silence ferme du Togo sonne à la fois comme une stratégie et une soumission. Le débat est ouvert.