Lomé Actu, 29 Juillet 2025- Le décès de l’influenceur burkinabè Alino Faso, survenu alors qu’il était détenu en Côte d’Ivoire, a suscité une vive réaction des autorités de Ouagadougou. Alain Traoré, de son vrai nom, était emprisonné depuis janvier 2025, poursuivi pour des accusations d’« intelligence avec des agents d’un État étranger » et de « complot ».
Sa mort a été annoncée dans un communiqué du Procureur ivoirien, publié dimanche 27 juillet, précisant que l’intéressé se serait suicidé. Cette version des faits est toutefois loin de convaincre le gouvernement burkinabè, qui réclame des explications claires.
Dans un communiqué publié lundi 28 juillet, le ministère burkinabè des Affaires étrangères a fait part de son indignation, dénonçant un traitement qu’il juge irrespectueux à l’égard du peuple burkinabè et de la famille du défunt. Le ministre Karamoko Jean-Marie Traoré a convoqué la chargée d’affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou afin d’obtenir une confirmation formelle du décès et de discuter des suites à donner.
Le gouvernement du Burkina fustige le délai de trois jours entre la mort d’Alino Faso et sa communication officielle, ainsi que la brièveté du communiqué, jugé « lapidaire ». « Il y a un profond manque d’égard envers notre peuple et la famille endeuillée, qui a appris la nouvelle par les réseaux sociaux », a déploré le ministre.
Les autorités militaires burkinabè vont plus loin : elles remettent en question la thèse du suicide et qualifient cette mort d’« assassinat déguisé ». Elles s’interrogent également sur les conditions de détention du jeune homme, maintenu pendant plus de six mois dans une caserne de gendarmerie. Elles exigent une enquête approfondie et le rapatriement du corps.
À Abidjan, l’affaire soulève également de nombreuses interrogations. Dans la commune de Marcory, où Alino Faso tenait une rôtisserie, l’émotion est palpable. Des voisins décrivent un homme généreux et serviable, et peinent à croire à la version officielle d’un suicide.
Du côté de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire, l’inquiétude est grande. Moumouni Sawadogo, représentant des ressortissants burkinabè, réclame des éclaircissements : « Nous avons appris cette disparition avec une immense tristesse. Nous voulons comprendre ce qui s’est réellement passé. »
Alors que les relations diplomatiques entre Ouagadougou et Abidjan sont déjà tendues, ce drame risque d’aggraver les tensions. Beaucoup s’interrogent sur ses retombées politiques, et appellent à la vérité, au nom de la justice et de la mémoire d’Alino Faso.