(Lomé Actu) – La justice togolaise a finalement levé le voile sur l’affaire Marguerite Gnakadé. Ce samedi, le procureur de la République, Mawama Talaka, a annoncé que l’ancienne ministre des Armées a été officiellement inculpée et placée sous mandat de dépôt. Son arrestation musclée, trois jours plus tôt, à son domicile de Tokoin-Solidarité, avait déjà suscité un vif émoi à Lomé et nourri toutes sortes de spéculations.
Mais l’ex-ministre n’est pas la seule concernée par ce dossier explosif : le rappeur Tchala Essowè, alias Aamron, a également été inculpé et placé sous contrôle judiciaire, a confirmé le procureur.
Des charges lourdes contre Gnakadé
Selon le parquet, les enquêtes menées par la police judiciaire ont révélé des « indices graves et concordants » justifiant l’ouverture de poursuites. Marguerite Gnakadé est accusée d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État.
Les charges retenues sont multiples :
- incitation à la révolte contre l’autorité publique ;
- diffusion de fausses informations susceptibles d’ébranler la discipline militaire ;
- trouble aggravé à l’ordre public ;
- entrave au bon fonctionnement de la justice, après avoir détruit un élément de preuve durant sa garde à vue.
Le procureur Talaka a précisé que l’affaire sera instruite par un juge d’instruction conformément au Code de procédure pénale.
Le cas Aamron, un rebondissement inattendu
Le nom de l’artiste Aamron refait surface dans le dossier. Déjà interpellé en juin dernier pour un épisode qualifié de « trouble psychiatrique », il avait été rapidement relâché. Cette fois, il est soupçonné d’avoir rencontré à plusieurs reprises Marguerite Gnakadé dans un cadre qualifié de « subversif ».
Il est désormais poursuivi pour « outrage à l’autorité » et « diffusion de fausses nouvelles » et a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter Lomé.
Un climat politique sous tension
Cette double inculpation intervient dans un contexte de crispation politique au Togo. Ancienne proche du régime, Marguerite Gnakadé avait opéré ces derniers mois une rupture spectaculaire, multipliant les critiques publiques contre Faure Gnassingbé et appelant à une transition politique.
Pour ses partisans, elle paie aujourd’hui le prix de son courage politique. Pour ses détracteurs, elle aurait franchi une ligne rouge en fragilisant la discipline au sein des forces armées.
Réactions en chaîne
L’arrestation et l’inculpation de Gnakadé ont déclenché une vague de réactions dans l’opposition et la société civile. Plusieurs partis et organisations dénoncent un « procès politique » et exigent sa libération immédiate, tandis que dans les cercles diplomatiques, certains y voient un signal fort envoyé par le pouvoir à toute voix dissidente.
Le procès à venir s’annonce déjà comme l’un des plus suivis de la décennie au Togo.