À 92 ans, Paul Biya a repris les devants de la scène politique camerounaise. Le président, au pouvoir depuis plus de 42 ans, a officiellement lancé sa campagne mardi 7 octobre à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord.
Devant un stade plein à craquer, le chef de l’État a promis, s’il est réélu, de renforcer la sécurité, créer des emplois pour les jeunes et améliorer les infrastructures d’une région souvent touchée par les attaques de Boko Haram.
« Mon objectif, mes chers concitoyens, est que chaque jeune, où qu’il soit, ait des opportunités pour trouver un emploi ou devenir entrepreneur », a lancé le président sous les acclamations.
Cette région stratégique, qui représente 20 % des 8,2 millions d’électeurs, est convoitée par plusieurs figures de l’opposition, notamment Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary, deux anciens alliés du président.
L’apparition du chef de l’État tranche avec son silence de campagne et survient juste après un séjour discret en Suisse, alimentant encore les rumeurs sur son état de santé.
Un pouvoir sans fin, une opposition éclatée
À la tête du Cameroun depuis 1982, Paul Biya est le doyen des chefs d’État encore en exercice dans le monde. Son règne, marqué par des crises politiques, des accusations de corruption et une pauvreté persistante (43 % des Camerounais vivent sous le seuil de pauvreté), ne semble pourtant pas fragiliser sa position.
Son principal rival, Maurice Kamto, a été exclu du scrutin en août dernier, et l’opposition, divisée entre neuf candidats, peine à s’unir.
Les scrutins camerounais sont régulièrement entachés de soupçons de fraudes, renforçant le sentiment d’un pouvoir verrouillé depuis la suppression, en 2008, de la limite des mandats présidentiels.
