Léon XIV : d’un quartier pauvre du Pérou au trône de Saint-Pierre

Lomé Actu, 09 Mai 2025 – L’histoire du nouveau souverain pontife commence bien loin du Vatican. Né le 14 septembre 1955 à Chicago, aux États-Unis, Robert Francis Prevost incarne une figure atypique dans l’histoire de l’Église catholique. Il devient le premier pape originaire de l’Ordre de Saint-Augustin, mais également le premier Américain à porter la tiare depuis la création de l’Église catholique.

Derrière cette ascension spirituelle se cache un homme à l’itinéraire singulier, profondément marqué par la mission, la pédagogie et le dialogue interculturel. D’origine multiculturelle — avec des ancêtres français, espagnols et italiens — il incarne une forme d’universalité qui résonne avec les défis actuels de l’Église.

📚 Une formation solide entre science, foi et droit canon

Avant de prendre le chemin du sacerdoce, Robert Francis Prevost s’engage d’abord dans un parcours scientifique. Diplômé en mathématiques et en philosophie à l’Université Villanova (Pennsylvanie), il choisit de répondre à l’appel religieux en rejoignant les Augustiniens en 1977. Il y prononce ses vœux définitifs en 1981.

Sa formation théologique se poursuit à l’Université catholique de Chicago, puis à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum) à Rome, où il obtient un doctorat en droit canonique. Cette expertise juridique deviendra l’un des fondements de son futur ministère épiscopal et curial.

Ordonné prêtre le 19 juin 1982, il est rapidement envoyé en mission au Pérou, pays qui deviendra pour lui une seconde patrie.

🌎 Une vie donnée à l’Amérique latine : le “père Roberto” du Pérou

Durant près de 15 ans, le père Prevost œuvre dans la ville de Trujillo, sur la côte nord du Pérou. Là-bas, il devient une figure populaire dans les quartiers pauvres, où il exerce une mission multiple : prieur du couvent Saint-Turibe de Mogrovejo, professeur au séminaire, vicaire judiciaire, mais aussi responsable de paroisse dans les zones les plus défavorisées.

Surnommé affectueusement “padre Roberto”, il s’engage aux côtés des populations marginalisées et devient un défenseur actif de la justice sociale et de la formation du clergé local. Ce passage péruvien l’a profondément marqué, au point qu’il parlera plus tard du Pérou comme de « l’expérience fondatrice de sa foi incarnée ».

🕊️ Un leader religieux et administratif à la tête des Augustiniens

En 1999, il est rappelé aux États-Unis pour devenir prieur provincial. Deux ans plus tard, il est élu prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin, un poste prestigieux qu’il occupera pendant douze ans à Rome. Dans ces fonctions, il visite plus de 50 pays et mène une réforme interne de l’ordre, en insistant sur la proximité avec les fidèles, la formation intellectuelle et la simplification administrative.

Son sens du dialogue et de la gouvernance le rend incontournable dans les sphères romaines. Il s’illustre aussi par son engagement à renforcer les liens entre l’Église et les communautés autochtones, notamment en Afrique et en Amérique du Sud.

⛪ Un retour pastoral et une ascension vers la Curie
En 2014, le pape François le nomme administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo, au Pérou, avant de l’y établir définitivement comme évêque l’année suivante. Ce retour dans sa « terre de mission » est accueilli avec émotion par la population.

En 2020, il est appelé à siéger au sein de la Congrégation pour le clergé, avant d’être promu, en janvier 2023, préfet du Dicastère pour les évêques, l’un des postes les plus influents de la Curie. Dans cette fonction, il supervise les nominations épiscopales à travers le monde et accompagne de près les processus synodaux.

Le 30 septembre 2023, il est créé cardinal par le pape François, qui voit en lui un homme de confiance, compétent et humble. Il participe activement aux synodes sur la synodalité et aux grandes réflexions sur la gouvernance future de l’Église.

👑 Élu pape : Léon XIV, un nom chargé de symboles
Le 6 mai 2025, au troisième jour du conclave, il est élu évêque de Rome et choisit le nom de Léon XIV, en hommage aux grands papes réformateurs du passé, dont Léon XIII (le pape des ouvriers) et Léon le Grand (le défenseur de la foi contre les hérésies et les divisions).

Son élection, à 69 ans, reflète une volonté de continuité et d’équilibre : héritier du style pastoral du pape François, mais aussi porteur d’une vision plus juridique et institutionnelle.

Sa devise épiscopale, « In Illo uno unum » — « Dans le Christ unique, nous sommes un » — résume à elle seule son désir de réconciliation, d’unité et d’écoute au sein d’une Église souvent tiraillée entre traditions et modernité.

🕊️ Léon XIV : un pontife tourné vers les périphéries
Le profil du pape Léon XIV marque un tournant. À la fois théologien, juriste, missionnaire et administrateur, il allie une compréhension profonde des réalités locales à une maîtrise des rouages institutionnels du Vatican. Sa connaissance du terrain, acquise dans les favelas péruviennes, et son expérience au sommet de la Curie font de lui un pape capable de parler à la fois aux pauvres et aux puissants.

Son élection est saluée comme celle d’un homme de foi, de terrain et d’équilibre, à même de conduire l’Église dans une époque marquée par la polarisation, les crises internes, mais aussi un fort désir de renouveau.