Lomé Actu 28 Juillet 2025 – Le live d’Aamron du 28 juillet, très attendu par ses partisans, a provoqué un tollé. Alors qu’il est considéré comme l’une des voix artistiques majeures de la contestation togolaise, ses déclarations ont désorienté, choqué, voire révolté. Parmi les critiques les plus virulentes figure celle du journaliste Carlos Ketohou, qui n’a pas mâché ses mots.
Voici les trois erreurs majeures que beaucoup lui reprochent.
1. Minimiser la responsabilité de Faure Gnassingbé
C’est l’un des points les plus incompris du live : Aamron a semblé blanchir Faure Gnassingbé des crimes d’État commis sous son régime. Carlos Ketohou, lui-même victime de répression, a dénoncé cette posture dans une tribune acerbe, la qualifiant de « manipulation dangereuse ». Pour de nombreux militants, exonérer le chef de l’État revient à effacer les violences, les tortures, les morts. Et cela brouille gravement les repères de la lutte.
2. Appeler à une résistance molle dans un système brutal
Autre point de friction : l’insistance d’Aamron sur des manifestations “pacifiques”, presque naïves, face à un régime bâti sur la violence. Pour Ketohou et d’autres figures de l’opposition, ce discours anesthésie le peuple au lieu de l’armer moralement. Parler de paix sans nommer la brutalité du système, c’est, selon eux, une forme de renoncement.
3. Prétendre défendre la souveraineté tout en acceptant le statu quo
L’une des phrases les plus polémiques du live : laisser Faure au pouvoir pendant que le peuple reprendrait sa souveraineté « ailleurs ». Une absurdité, selon Ketohou, qui rappelle que « la souveraineté est confisquée par un seul homme ». Impossible, disent les critiques, de parler d’émancipation populaire tant que le pouvoir reste concentré entre les mains de celui qui l’a accaparé.
Carlos Ketohou tranche net : “Il aurait mieux fait de se taire”
Le journaliste a quitté le live en direct, comme des milliers d’internautes, expliquant que les propos d’Aamron devenaient “troublants et déroutants”. Il a regretté un discours qui, selon lui, sert plus le régime qu’il ne le défie. Sans écarter la possibilité que la torture subie ait laissé des séquelles psychologiques chez l’artiste, il pointe aussi un possible biais ethnique utilisé par le pouvoir pour diviser les résistants.
Aamron tente de s’expliquer
Quelques heures après le tollé, Aamron a posté un message en réaction :
“Vous m’avez entendu, mais vous ne m’avez pas écouté.”
Une formule qui laisse planer l’ambiguïté. Reconnaît-il une maladresse ? Ou assume-t-il son propos en reprochant au public de ne pas l’avoir compris ?
Ce live a brisé un tabou et fragilisé l’image d’un artiste jusqu’ici aligné avec la lutte populaire. Pour certains, il a simplement perdu le cap. Pour d’autres, il a montré son vrai visage. Une chose est sûre : le peuple n’est pas dupe, comme l’a rappelé Ketohou. Et la colère reste intacte.