(Lomé Actu) – La Cour de cassation de Kinshasa a rendu son verdict ce 2 septembre 2025 : Constant Mutamba, ancien ministre congolais de la Justice, écope de trois ans de travaux forcés, assortis de cinq ans d’inéligibilité et de privation de ses droits civiques.
L’ex-ministre était poursuivi pour avoir détourné près de 20 millions de dollars destinés à la construction d’une nouvelle prison à Kisangani. La somme, selon l’accusation, aurait transité le 16 avril dernier vers un compte bancaire ouvert au nom de la société Zion Construction, sans respecter les procédures légales de passation de marchés publics.
Le juge a estimé que « la précipitation et les violations répétées » dans l’opération visaient à s’approprier frauduleusement les fonds de l’État. Mutamba devra également rembourser l’intégralité de la somme détournée.
Une peine en deçà des réquisitions
Le procureur avait requis jusqu’à dix ans de travaux forcés, assortis de plusieurs interdictions, mais la peine prononcée s’est révélée plus clémente. Escorté par les forces de l’ordre depuis sa résidence surveillée, Mutamba est arrivé au tribunal en survêtement, sandales aux pieds et masque chirurgical, affichant une image de simplicité et de défi.
Tout au long du procès, il a nié les accusations, affirmant que les fonds n’avaient pas été utilisés à des fins personnelles et dénonçant un « procès politique ». Sa défense plaidait l’acquittement.
Un procès transformé en tribune politique
Si la condamnation entache lourdement sa carrière, Constant Mutamba a su transformer ce procès en outil politique. Dans ses interventions, il s’est présenté comme un leader persécuté, citant des figures historiques comme Nelson Mandela, Lula da Silva, Patrice Lumumba ou encore Étienne Tshisekedi. Ces références, renforcées par des gestes symboliques comme ses visites aux mausolées de Lumumba et Tshisekedi, lui ont permis de renforcer sa popularité auprès d’une partie de l’opinion.
Mais cette condamnation le prive désormais de toute candidature à l’élection présidentielle de 2028. L’homme qui rêvait de se poser en alternative politique devra désormais lutter pour rester dans le jeu.