Lomé Actu, 11 août 2025 – Une vague d’arrestations secoue les forces armées maliennes depuis le week-end dernier. Au moins cinquante militaires, dont deux généraux, ont été placés en détention pour « tentative de déstabilisation de la transition », selon plusieurs sources concordantes.
Les opérations, menées par la Sécurité d’État, ont ciblé différents corps de l’armée, en particulier la Garde nationale. Des témoins rapportent que les interpellations se sont déroulées parfois en pleine nuit. « Deux pickups remplis d’hommes en armes sont arrivés devant notre maison. Ils ont demandé à voir le colonel. Sans le brutaliser, ils sont repartis avec lui », raconte un proche d’un officier arrêté.
Parmi les personnalités visées figurent le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région centrale de Mopti et figure populaire auprès des troupes, ainsi que la générale Nema Sagara, l’une des rares femmes occupant un poste élevé dans l’armée de l’air malienne. Tous deux sont soupçonnés, selon des sources proches de la junte, d’avoir participé à un projet de renversement du pouvoir en place.
La présidence et l’état-major n’ont pour l’instant publié aucun communiqué officiel. Mais sur les réseaux sociaux, des activistes proches du régime assurent qu’une déclaration sera faite « en temps opportun ».
Cette série d’arrestations intervient dans un climat politique déjà tendu. En juillet, le Conseil national de transition a adopté une loi accordant au chef de la junte, le général Assimi Goïta, un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable sans limitation, repoussant les élections promises pour mars 2024 à 2027.
Depuis le coup d’État d’août 2020, le Mali reste confronté à une grave instabilité. Outre les tensions internes, le pays subit la pression constante de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Le premier semestre 2024 a été l’un des plus meurtriers dans la région du Sahel, avec plus de 7 600 victimes recensées, selon l’ONG ACLED.