Lomé Actu, 21 décembre 2024 – Le gouvernement burkinabé a récemment adopté un projet de loi offrant l’amnistie aux auteurs du coup d’État manqué de 2015. Selon le ministre de la Justice, cette mesure s’accompagne de conditions strictes : les bénéficiaires devront reconnaître leurs actes, adopter un comportement exemplaire, et s’engager activement dans la lutte contre le terrorisme.
Retour sur un épisode sombre de l’histoire récente
En septembre 2015, des soldats de l’ex-régiment de sécurité présidentielle avaient tenté de renverser la transition politique mise en place après la chute de Blaise Compaoré en 2014. Cette tentative de putsch, menée notamment par les généraux Gilbert Dienderé et Djibril Basolé, avait échoué sous la pression de l’armée loyaliste et de la population. Les principaux responsables avaient été condamnés à des peines de prison ferme.
Une amnistie sous conditions
Les bénéficiaires potentiels de cette amnistie seront précisés dans un décret à venir. Parmi les critères évoqués, il est exigé que ces derniers manifestent leur volonté d’être déployés sur le terrain dans le cadre des efforts de reconquête des territoires sous contrôle terroriste. Le ministre de la Justice a tenu à préciser que cette mesure ne remet pas en cause les acquis de l’insurrection populaire de 2014, qui avait conduit à la fin du régime de Blaise Compaoré.
Un processus judiciaire bloqué
Depuis le procès initial en 2019, les procédures d’appel des condamnations liées au putsch de 2015 traînent. Le gouvernement espère que cette loi permettra de surmonter les lenteurs judiciaires et de débloquer une situation complexe, tout en contribuant à renforcer les rangs militaires pour affronter les défis sécuritaires du pays.
Des réactions mitigées
Cependant, cette décision divise. Pour certains juristes, cette loi équivaut à réhabiliter les militaires condamnés et à cautionner, de facto, la tentative de coup d’État. D’autres, notamment les avocats des victimes de l’époque, expriment leurs inquiétudes et s’interrogent sur les véritables motivations de cette mesure, la qualifiant de controversée.